


2 lettres manuscrites de Grenoble, le 13 septembre & 15. Par Madame de Grammont Sayve, adressée à M. Pierre Roux à Marseille. Je ne puis que vous rendre des grâces infinies, Monsieur, de l’extrême bonté avec laquelle vous voulez bien à ma prière vous charger de tout l’embarras qu’entraine la succession de Sr Galle, je comprends qu’ils sont grands et qu’il faut toute votre disposition à faire du bien, et à m’obliger pour les prendre sur vous, je joins ici les 2 procurations demandées par votre lettre, vous ferez s’il vous plait une note des ports tant de celles que je vous adresse que de celle que vous recevrez de la Martinique pour cette même affaire dont vous vous payerez sur les effets qui doivent passer entre vos mains, de même que tous les autres frais qui se trouveront à faire, j’aurai encore, mon cher Monsieur, un autre plaisir à vous demander auquel je suis persuadée que la générosité de votre coeur vous engagera à vous prêter. L’ainé des 3 enfants d’une famille de gentilshommes de cette province ayant perdu son père qui était Commissaire dans l’Artillerie, et n’ayant pour ainsi dire rien laissé à sa veuve pour élever ses enfants qu’il laissait parce qu’il avait avait mangé tout son bien au service, cet ainé dit se prends le party de s’en aller à St Domingue pour y chercher fortune ; d’autant plus que sa naissance étant inconnue en ce pays là, il pourra se prêter sans indécence au moyen de gagner sa subsistance, il s’appelle Pontcharra, sa mère et d’une naissance plus distinguée de Dauphiné, il peut avois aux environs de 20 ans, je lui donnerai une lettre pour vous lorsqu’il partira parce qu’il passera par Marseille, comme j’imagine que vous ne pouvez manquer d’avoir des connaissances en ce pays là, dans ce cas je vous serai très obligée de lui donner quelques lettres de recommandation pour quelqu’un qui puisse aider de ses conseils son établissement et sa conduite. Je crois que c’est un jeune homme bien lézardé ayant oui dire que ses moeurs étaient fort corrompues, mais tout cède à la nécessité d’avoir du pain, je vous renouvelle, Monsieur, tous les sentiments… Lettre du 15 9bre 1753. « Le Courrier de Provence, Monsieur qui est party. Vous porte une lettre de ma part qui vous annonce la prochaine arrivée du jeune de Pontcharra, je lui donne celle cy pour se présenter à vous, un homme de condition que la mauvaise fortune réduit à aller chercher une subsistance dans un pays aussi éloigné de sa patrie. Et qui y arrivera tombant des nues est par lui même un sujet assez digne de considération, pour que toute personne, qui a un peu d’humanité n’en soit pas touché à plus forte raison quelqu’un qui comme vous, a des sentiments, par conséquent, je crois, inutile de renouveler aujourd’huy la prière que je vous ai fait par ma précédente lettre de vouloir lui procurer par vous ou par vos amis, les secours et les recommandations qui pourront en dépendre… Lettre avec adresse et cachet aux Armes. 2 lettres sur papier vergé filigrané de l’époque, encre noire, pliures et en bon état. Cornette de la compagnie colonelle… De La Croix de Chevrière, comte de Sayve.
