Ecrivain et théoricien politique. Lettre autographe signée, Prison de Sainte-Pélagie, 18 mars 1852, au docteur Alphonse Cretin, 4 pages in-8. Très longue lettre dans laquelle Proudhon démontre sa théorie économique sur le protectionnisme et le libre échange. « Et mordez les libres échangistes, les anglophiles, jusquau sang. Ne craignez pas, à cet égard, à réveiller le vieux chauvinisme français, anti-anglais ». Sur vos deux premières questions. Vous pouvez consulter louvrage de Batistat, intitulé. Colben et la Ligue. La collection du Journal des Économistes, dont vous trouverez chez moi une partie ; – celle du. Dont il doit aussi me rester quelques numéros, conservés. Dans votre travail, vous devez établir fortement ce principe, que le principe protectionniste, soit celui de la liberté du commerce international est essentiellement lié à celui de lintérêt des capitaux, et par là, intéresse le travail même. En sorte que, aujourdhui, toute réduction des taux dintérêt, toute amélioration dans le régime hypothécaire, doit avoir pour conséquence une réduction dans le droit de douane, et. Établir subitement en France, le régime de la liberté, ce ne serait peut-être pas anéantir le travail. Mais ce serait à coup sûr le faire passer dans la domination des capitaux étrangers et par conséquent. Voilà, en gros, le principe. Soutenir lun contradictoirement à lautre, cest le comble de limbécilité. Car, encore une fois, si en décrétant le libre échange, vous ne décrétez pas en même temps la déduction de lintérêt, à un taux à celui de tous les pays, le capital étranger, plus abondant, par conséquent plus bas prix, supplantera le titre et vous ne serez plus, français, que des salariés de lAngleterre. Telle est la tactique que suit lAngleterre depuis déjà deux siècles. Comme on le lui a dit, elle a pratiqué le régime protecteur, tant quelle na pas été la plus forte : depuis ce régime a été pour elle un brevet périmé ; son intérêt, par suite de labondance même de ses capitaux, fruit de la protection chez elle, et de la liberté chez les autres, est devenu linverse de ce quil était au commencement. La loi sur les céréales a été une conséquence de cette situation, elle a passé, le jour où lintérêt propriétaire a été trouvé inférieur à lintérêt industriel : si la protection agricole vaut à lAngleterre 100 ; et que la liberté mercantile produise 150, ou 300, il est clair, quau point de vue social, le sacrifice du produit net territorial au produit net industriel donnant un avantage aussi énorme, la révolution aura lieu. Or lAngleterre, pays de liberté parlementaire, bien que cette liberté soit entravée par mille corruptions, ne pouvait manquer darriver à ce résultat, maintenant irrévocable. Voilà tout le mystère de la fameuse ligne Cobden et de lévolution anglaise. Il y a deux époques dans lhistoire du commerce anglais. 1/-Dabord le régime protectionniste sévère ; en même temps actes de navigation et traité de compagnie avec le Portugal, lEspagne, la France, etc, dont leffet est de garantir à lAngleterre la majeure partie du marché ; de faire pencher en sa faveur, chaque année, la balance, cest à dire de lui donner un solde considérable en numéraire ; par conséquent daugmenter son. 2/-Arrivée à ce point, lAngleterre na plus rien à craindre de la concurrence étrangère. Partout linfériorité de capital ne lui laisse aucun concurrent sérieux. La cuirasse protectionniste ne lui sert que dembarras contre un adversaire qui na plus de cartouches. Bien mieux, une partie de ses capitaux étant engagée dans les opérations industrielles des autres pays, elle se murait à elle-même en nélargissant pas la grande route qui lui assure la domination du monde. Le moment est donc venu pour elle, de se faire, de tous les peuples, des armées de mercenaires, dont le travail ne bénéficie plus quà ses capitalistes ; et par suite, de faire jouir lAngleterre de ce quil y a de meilleur dans la production naturelle de chaque pays. Cest ainsi que tandis quen France une grande partie du peuple ne mange pas de pain de blé, nuse point de viande, ne boit pas de vin, une partie des céréales, de la viande, des oeufs, des fruits, légumes, du vin, de lhuile, défile vers lAngleterre. Et comme nous ne sommes pas plus forts sur la protection que sur la liberté, attendu que nous ne sommes en tout que des badauds et des ganaches, la douane na garde de mettre un droit sur les substances à lexportation ; elle sapplaudit au contraire, de ce commerce qui ajoute à la force de lAngleterre. Concluez en exhortant L. Bonaparte à mettre la dernière main à son oeuvre, par une forte réduction du taux légal de lintérêt, accompagnée dune prorogation des échanges hypothécaires ; de manière que les capitaux anglais subissant la loi commune. Et mordez les libres échangistes, les anglophiles, jusquau sang. Ne craignez pas, à cet égard, à réveiller le vieux chauvinisme français, anti-anglais, et de piquer lhonneur du Président de la République. Quil nous délivre de langlomanie et des dynasties, ce sera toujours autant. Proudhon avait été emprisonné à Sainte-Pélagie le 5 juin 1849 pour « offense au président de la République » suite à linsurrection de juin 1848 à laquelle il a participé et à ses articles dans les journaux. Il sortira de prison en juin 1852. Alphonse Cretin était le médecin attitré de Proudon jusquà la mort de ce dernier en 1865. Cette lettre est publiée dans la Correspondance de Proudhon Librairie Lacroix, Paris, 1875, Tome IV, p. 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