3 lettres manuscrites à une jeune femme. Avec deux photographies originales en noir et blanc. Lettre, le 11-I-69 , en noir sur une feuille de papier courrier (13,5/20,5 cm) : « Maison de Repos, Les Fougères par Brantôme 24, Chère Mademoiselle, les Éditions Ch. Bourgois me communiquent votre aimable petit mot dans lequel vous exprimez le désir de prendre contact avec moi. Jen serais ravi ; écrivez-moi. Je voudrais savoir qui vous êtes, vous rencontrer peut-être. Je suis malheureuse-ment immobilisé en Périgord en raison de mon état de santé : 2 infarctus en 3 ans. Je suis très heureux que mon Adolescence ait retenu votre attention. Jaurais eu plaisir à vous donner un exemplaire de mes précédents ouvrages ; malheureusement ma vie passablement mouvementée a eu pour conséquence la dispersion et souvent la perte de toutes mes affaires personnelles. Oui, jai vraiment envie de savoir qui vous êtes, et quoi donc vous a plu dans cette Adolescence. Une longue lettre de vous me fera le plus grand plaisir, ma solitude étant assez douloureuse. Bien amicalement à vous, F. Au format A4, Les Fougères par Brantôme 24, le 15-I-69 : « Chère Mademoiselle, Je reçois à linstant votre lettre multicolore. Le son de votre voix me demeure encore très présent, après notre si longue conversation, hier au soir ; de 20h20 à 21 heures, me semble-t-il! Je suis assez confus davoir abusé de votre désir de prendre contact avec moi ; mais, franchement, ce métait une grande joie de vous entendre. Votre voix, très proche, très audible, fraternelle ; puis soudain lointaine, perdue… ! La prise de contact avec certains êtres est toujours passionnante ; on se dit : quel rôle va-t-il jouer dans ma vie? Aucun probablement, ou fort superficiel ou bien, tout au contraire, de première importance! Quoi quil en soit, je vous remercie, avec émotion, de votre amicale sympathie. Ce passage de votre lettre : jaimerais vous donner au cur un peu de chaleur ; croyez en ma sincérité, a réconforté le prisonnier que je suis. Prisonnier de la maladie ; soumis à de multiples règlements. Cinéma chaque vendredi soir, comme en prison! Fort heureusement pour moi, comme je vous le disais hier au soir, jai découvert une antique serre au fond dun vieux jardin potager tout abandonné. Jy suis là bien chez moi ; cest mon seul foyer. Jy écris, je my prépare du thé sur un petit fourneau de ma fabrication. Le matin, des oiseaux, et parfois de charmantes belettes viennent my rendre visite. Un jour une gigantesque couleuvre! Jai passé là tout un an. Je me suis fabriqué une sorte dinstrument de musique, presque une lyre : caisse de résonnance, cordes, clefs, chevalet mobile, rien ny manque. Les nuits dété, je jouais parfois très tard sous le ciel étoilé. Puis vint lautomne, jai commencé à crever de froid dans cette serre ; jai eu la chance de découvrir une sorte de braséro, jallais chercher du bois dans la forêt voisine, mais une immense tristesse menvahissait ; la détresse de ma condition mapparaissait cruellement. On mimagine vivant à Paris, fréquentant les milieux littéraires, tous mes livres sont actuellement traduits en anglais ; vous êtes maintenant parmi les rares personnes qui savent que ma vie est devenue parfaitement atroce. Pourquoi vous raconter tout cela? Parce que, jen ai eu la certitude, hier soir, ce nest pas tellement lécrivain que vous souhaitiez connaître, que lhomme… Avec ses joies et sa part de tragique. Nous parlerons littérature une autre fois. Vous me direz qui vous êtes, quand bon vous semblera ; je ne veux pas être indiscret. Écrivez-moi ; téléphonez-moi le soir après 20 heures. Votre voix est très douce, très belle, sensible. Je suis votre ami François Augiéras. Troisième lettre 2 ff. Au format A4 à lencre rouge, Les Fougères par Brantôme, le. « Oui Chère Adeline, vous pouvez menvoyer de Paris quelque chose que je souhaite, que je ne peux trouver à Brantôme : une photo de vous qui ne soit pas tirée dun film de Charlot! Malgré labominable cadrage, on devine que vous êtes belle, dune beauté un peu étrange, mais certaine. Pourquoi donc menvoyer une pareille caricature de vous même! Jajoute, aussitôt, que jai assez fréquenté les israélites pour savoir que faire le pitre, nest très souvent chez eux quun masque destiné à cacher une immense détresse. Au reste, Charlot est juif! Vos deux photos me donnent la certitude que vous êtes un être qui a beaucoup souffert, qui souffre encore. Mais puisque vous avez trouvé en moi un ami, calme, tout disposé à vous entendre, à vous donner un peu daffection, faites-moi le plaisir de menvoyer une photo de vous qui ne soit pas tirée de la Ruée vers lor, ou des Lumières de la ville. Au reste je comprends et respecte votre désir de vous masquer. Javais eu la même impression au téléphone : il y a chez vous une part de souffrance ou de déception, qui vous pousse à souhaiter dêtre, disons aimée, pour dautres raisons que la beauté. I y a chez vous un secret, une âme vibrante, que vous désirez que lon découvre peu à peu. Vous mavez envoyé deux masques de carnaval, lair de me dire : Si vous nêtes quun sot, voyez, je suis affreuse! Mais si vous êtes un sage soupçonnez que derrière ces deux masques horribles se cache une jolie fille. Jose croire que je suis un sage Bien sûr, il faut venir en Périgord. A Pâques, lun de mes amis professeur et sa femme pourraient vous recevoir, vous conduire jusquà moi, peut-être même me sera-t-il possible daller passer quelques jours chez eux, en votre compagnie. Tous ensemble, ou seul avec moi, si bon vous semble, nous irons voir les coins les plus mystérieux du Périgord, ce pays de sorciers, de magiciens. Chère, et affreuse Adeline, merci de votre charmante lettre, et de lintérêt affectueux que vous portez à lhomme très seul que je suis. Parlez-moi de vous : cela me ferait vraiment plaisir. Bien amicalement à vous Augiéras. Voir ladmirable ouvrage de Georges Buraud : les Masques, club des éditeurs, qui est peut-être à votre programme. Avec 2 portraits photographiques joints aux courriers. Dont 1 en mauvais état, dédicacé au crayon au dos. Caverne de Domme, Périgord, juillet 1967. Tirages argentiques en noir et blanc. (10/14,7 et 9/13 cm). François Augiéras est mort peu de temps après, en 1971 dans un hospice pour indigents, non loin de Brantôme. Remise en mains propres gratuite sur Paris. Ou expédition sous enveloppe renforcée par recommandé. L’item « François AUGIÉRAS 3 LETTRES MANUSCRITES à une jeune femme avec 2 PHOTOGRAPHIES » est en vente depuis le jeudi 23 juillet 2020. Il est dans la catégorie « Collections\Lettres, vieux papiers\Autographes\Personnalités historiques ». 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- Région: France
- Objet modifié: Non
- Type: Lettres manuscrites et photographies
- Epoque: Années 60
- Pays de fabrication: France
- Thème: Littérature