Juillet 1798 Circulaire signée sur le timbre du papier MUSIQUE autographe

Juillet 1798 Circulaire signée sur le timbre du papier MUSIQUE autographe
Juillet 1798 Circulaire signée sur le timbre du papier MUSIQUE autographe

Juillet 1798 Circulaire signée sur le timbre du papier MUSIQUE autographe
Pour s’inscrire à nos catalogues. , directeur département de la régie des domaines, député de Charente. Circulaire n°1290 du 21 prairial an 6 (17 juillet 1798) titrée « Papier-musique. Les ouvres de musique non périodiques, qui contiennent plus de deux feuilles d’impression, sont dispensés du timbre ». Signée par Poujaud, qui envoie la circulaire « pour Copie ».
Juillet 1798 Circulaire signée sur le timbre du papier MUSIQUE autographe

GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire

GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire

GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire
GHEON (Henri Vangeon dit Henri). Membre fondateur de la NRF. Correspondance autographe signée de 1895 à 1915, avec Edouard Ducoté, directeur de la Revue l’Ermitage qui a parfois indiqué au crayon l’année. 1895 – Il remercie Ducoté avec la revue L’Ermitage d’avoir « ouvert ses portes » en publiant son « Etude sur Griffin ». 1897 – Il a reçu les livres de Ducoté et en fait une étude et une critique très élogieuse. 1898 – Il remercie Ducoté de l’envoi de son manuscrit Calypso et décrit ce qu’il aime dans cette oeuvre. Votre tragédie n’est pas à proprement parler une oeuvre de théâtre mais un traité comme ceux de Gide, sous une forme dialoguée plus continue… 1899 – Organisation d’une rencontre en Normandie : Ma mère et ma soeur se réjouissent de passer la journée avec votre charmante femme…  » Puis il rapporte « Je reçois en même temps une lettre de Gide qui me dit que sa femme ne peut songer à nous rencontrer à Cabourg. Qu’il prendra peut-être un de ses jours sa bicyclette pour venir vous surprendre avec son beau-frère et qu’il me télégraphiera pour que je le rejoigne chez vous… Et il informe Nous prendrons le train de 10h. 8 à Trouville et nous serons à 11h. 30 à votre Bretèche… 1900 – Des nouvelles de ses travaux d’écriture, des amis qui l’entourent, des difficultés de Paul Fort pour se faire éditer, et du voyage avec Gide en Algérie. 5 lettres in-12°, 1 page in-8° et 1 page in-folio (à l’en-tête du Grand Hôtel à Constantine), soit environ 19 pages manuscrites. 1901 – Il s’installe à Bray-sur-Marne, il est médecin de campagne et visite ses malades à bord d’une voiturette. Il continue son travail littéraire « une longue chronique où j’avais entrepris de juger Wagner » et « l’eau de vie qui à nouveau distille ». Veille à ce que la revue ne manque pas de matériaux à imprimer. Il donne des nouvelles des amis qui viennent le voir, qu’il préfère à ses connaissances de Bray. 6 lettres in-12 et in-8°, 18 pages manuscrites. 1902 – Il évoque l’enquête de l’Ermitage auprès de deux cents personnalités littéraires, qui pose la question : quel est le plus grand poète au XIXème siècle. Il déplore les difficultés de Ducoté à produire sa pièce et donne des nouvelles sur sa propre production. 4 lettres in-12°, 15 pages manuscrites. 1903 – J’ai l’espoir de réintégrer paris cet hiver… Que n’ai-je Paris sous la main et la plupart de mon temps libre. 1 lettre 4 pages in-12°. 1904 – Il est encore à Bray. C’est peut-être la dernière année de parution de l’Ermitage et les derniers poèmes et chroniques qu’il envoi. 4 lettres in-12° et in-8°, 6 pages manuscrites. 1905 – Il regrette… L’intrusion des Van Bever Leautaud dans l’Ermitage est une triste chose! Le prochain numéro comporterait-il cinq pages de mes vers? En tout cas je vous les envoie. Donnez-moi de vos nouvelles… La place a été prise, tant pis… 2 lettres in-12°, 3 pages manuscrites. 1908 2 janvier… Vous savez que je deviens peintre : j’expose aux Indépendants, sans préjudice de la littérature : un demi roman scandaleux dont la seconde moitié s’active… 1 lettre in-12°, 2 pages. Cette année, André Gide le fait nommer à la direction de la NRF. Le surmenage d’un genre nouveau m’éberlue… Après plusieurs essais je tiens enfin mon Pierre Franc : Karl, le Dimitri des Karamazov… 1 lettre in-8°, 1 page et demi. 1912 – Il raconte la mort accidentelle de sa mère. 1913 – C’est maintenant Ducoté qui propose son livre pour une chronique dans un numéro de la NRF. Dès le retour de Gide je poserai la question de votre livre… Sans engager encore la revue… 1 lettre in-8°, 1 page. 1915 – (10 janvier). Sur une carte postale à l’usage des militaires, il envoie ses voeux aux Ducoté et son adresse au front, il est aide major 29° Artillerie…  » Il écrit « Je ne regrette pas mon voyage ; je vis dangereusement (pas trop, mais un peu) et gaiement. 1915, 13 avril, Il raconte son expérience de médecin engagé sur le front de la Somme qui contribura à sa conversion. « On vit au front sous « le fatum » ; il frappe un peu plus souvent voilà tout ; mais la « grâce aussi a les siens ; c’est dans cet espoir qu’il faut vivre… On dit la fin de la guerre prochaine. Une page in-8° recto-verso d’une fine écriture serrée. [sans date, vers 1915] Il espère changer de régiment et explique comment cela se produira. Il remercie Ducoté « pour son entremise ». Voyage en Algérie, L’installation à Bray en tant que médecin, La mobilisation, L’expérience du feu (La Somme), Médecin auxiliaire en 1915, « L’eau de vie », La relation avec Gide, La collaboration à l’Ermitage, La mort de sa mère, etc. Ecrivain, ami d’André Gide qui le fit rentrer à la revue L’Ermitage, la première guerre mondiale va changer l’orientation de sa vie et, en partie, de sa carrière. Engagé comme médecin sur le front de Belgique, il recouvre la foi catholique à Noël 1915. Foi dont il devient un fervent défenseur. L’Homme né de la guerre, pour reprendre le titre donné au récit de sa conversion, va désormais mettre son art au service de Dieu et de l’apostolat. Il devient tertiaire de l’ordre Dominicain en 1922. Il fut l’un des fondateurs de la Nouvelle Revue Française avec André Gide et Marcel Drouin. « Lied », (Les chemins creux), signé. Une page et demi in-8° petit manque de papier en pied de page affectant quelque mots d’un vers. Et « Le potager » 5 1/4 pages in-4° datées 15 et 16 juillet 92.
GHEON (Henri Vangeon dit Henri) 1875-1944. Correspondance autographe littéraire

Autographe Louis PHELYPEAUX de SAINT FLORENTIN MINISTRE LOUIS XV ALBI 1762

Autographe Louis PHELYPEAUX de SAINT FLORENTIN MINISTRE LOUIS XV ALBI 1762

Autographe Louis PHELYPEAUX de SAINT FLORENTIN MINISTRE LOUIS XV ALBI 1762
Il succède à son père comme Secrétaire d’Etat à la Religion Prétendument Réformée puis devient Secrétaire d’Etat à la Maison du Roi. Il fut Ministre d’Etat en 1761. Type de document : L. Nb de documents : 1 Nb de pages : 1 Format : in-8 oblong. Date : 23 avril 1762. Il lui envoie un état des livres que Louis XV a accordé à l’Archevêque d’Albi. Je vous envoye Monsieur un etat des livres de chacun desquels le Roy a bien voulu accorder un exemplaire à M. L’archevêque d’Alby, vous voudrés bien les faire remettre à celuy qu’il chargera de les retirer. On ne peut vous être Monsieur plus parfaitement dévoué que je le suis.
Autographe Louis PHELYPEAUX de SAINT FLORENTIN MINISTRE LOUIS XV ALBI 1762

Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°

Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°
Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°
Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°
Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°
Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°
Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°
Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°

Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°
Lettre type « facture » L. = lettre autographe signée. 12/06/1843 – période « Monarchie, règne Roi LOUIS PHILIPPE I° ». Aux négociants « PRIMOIS BAROGNEY & fils ».  » Charlotte CHAPPUIS dit Veuve MULLER « . Fille naturelle de l’Empereur NAPOLEON. Maîtresse de forges à Champagnole. (au décès de son mari Etienne-Jacob MULLER en 1836). Au verso/ cachet type 12 noir  » L’AIGLE 16 JUIN 1843 « . 12 x 8 cm.
Autographe 1843 Charlotte CHAPPUIS Vve MULLER (1795-1880) fille de NAPOLEON I°

MARIE-THERESE, Impératrice d’Autriche. Vienne, lettre autographe historique

MARIE-THERESE, Impératrice d'Autriche. Vienne, lettre autographe historique

MARIE-THERESE, Impératrice d'Autriche. Vienne, lettre autographe historique
MARIE-THERESE, Impératrice d’Autriche. Vienne, 1717 lettre autographe historique. Vienne, 1717 – 1780. Lettre autographe en français, signée Marie Thérèse à « Monsieur mon cousin ». Quatre pages in-quarto encadrées d’un large filet de deuil (une page manuscrite), filigrane C &I HONIC surmonté d’un blason couronné. Marges latérales renforcées au verso. Lettre de recommandation en faveur de vourmbrand un jeune homme qui a été longtemps chez Firmian et en dernier lieu en Danemark, beau fils de barouca. Il tachera de mériter vos bonnes graces n’ayant d’autres instructions que d’entretenir la bonne intelligence qui regne si heureusement entre nos maisons et particulièrement l’amitié et l’estime que j’ai pour vous mon cher cousin. ». MARIE Thérèse avait épousé François 1er duc de Lorraine qui mourut en 1765. Mère de Marie Antoinette elle fut Impératrice de 1740 à 1780, Reine de Bohême et de Hongrie, elle accéda au pouvoir grâce à la décision de son père mort sans héritier mâle (1740), ce qui provoqua la guerre de Succession d’Autriche (1740 – 1748).
MARIE-THERESE, Impératrice d'Autriche. Vienne, lettre autographe historique

Arthur RIMBAUD / Lettre autographe signée / Fatalité / Misère / Mourir / Aden

Arthur RIMBAUD / Lettre autographe signée / Fatalité / Misère / Mourir / Aden

Arthur RIMBAUD / Lettre autographe signée / Fatalité / Misère / Mourir / Aden
Lettre autographe signée « Rimbaud » à sa famille Aden, 10 septembre 1884, 4 pp. In-8° à l’encre noire sur papier vergé Sous chemise demi-maroquin noir moderne. Magnifique témoignage de la difficile existence de Rimbaud en Arabie. L’une de ses plus belles lettres de voyage encore en mains privées. « Mes chers amis, Il y a longtemps que je n’ai reçu de vos nouvelles : j’aime cependant à croire que tout va bien chez vous et je vous souhaite bonnes récoltes et long automne. Je vous crois en bonne santé et en paix comme d’ordinaire. Voici le troisième mois de mon nouveau contrat de six mois, qui va être passé. Les affaires vont mal, et je crois que fin décembre j’aurai à chercher un autre emploi, que je trouverai d’ailleurs facilement, je l’espère. Je ne vous ai pas envoyé mon argent parce que je ne sais pas où aller, je ne sais pas où je puis me trouver prochainement, et si je ne pourrai pas employer ces fonds dans quelque petit trafic lucratif. 2° Il se pourrait que, dans le cas où je doive quitter à Aden, j’aille à Bombay, où je trouverai à placer ce que j’ai à fort intérêt sur des banques solides, et je pourrai presque vivre de mes rentes : 6.000 roupies à 6% me donnerait 360 roupies par an, soit 2 francs par jour, et je pourrais vivre là-dessus en attendant des emplois. Celui qui n’est pas un grand négociant pourvu de fonds ou crédits considérables, celui qui n’a que de petits capitaux, ici risque bien plus de les perdre que de les voir fructifier, car on est entouré de mille dangers, et la vie, si on veut vivre un peu confortablement, vous coûte plus que si vous ne gagnez, car les employés en Orient à présent son aussi mal payés qu’en Europe, leur sort u est même bien plus précaire, à cause des climats funestes et la vie énervante qu’on mène. Pour moi je suis à peu près acclimaté à tous ces climats, froids ou chauds, frais ou secs, et je ne risque plus d’attraper les fièvres ou autres maladies d’acclimatation, mais je sens que je me fais très vieux très vite, dans ces métiers idiots et ces compagnies de sauvages ou d’imbéciles. Enfin, vous le penserez comme moi, je crois, du moment que je gagne ma vie ici, et puisque chaque homme est esclave en cette fatalité misérable, autant ici qu’ailleurs où je suis inconnu ou bien où l’on m’a oublié complètement et où j’aurai à recommencer! Tant donc que je trouverai mon pain ici, ne dois-je pas y rester, tant que je n’aurai pas de quoi vivre tranquille et il est plus que probable que je n’aurai jamais de quoi, et que je ne vivrai ni ne mourrai tranquille. Enfin, comme disent les musulmans : C’est écrit! – C’est la vie, elle n’est pas drôle. L’été finit ici fin septembre, et dès lors nous n’aurons plus que 25 à 30 centigrades dans le jour et de 20 à 25 la nuit, c’est ce qu’on appelle l’hivers ici. Tout le littoral de cette sale mer Rouge est ainsi torturé par les chaleurs. Il y a un bateau de guerre français à Obok où sur 70 hommes composant tout l’équipage 65 sont malades des fièvres tropicales, et le commandant est mort hier. Encore à Obok, qui est à quatre heures de vapeurs d’ici, fait-il plus frais qu’à Aden. Mais ici c’est très sain, et c’est seulement énervant par l’excès des chaleurs. Et le fameux Frédéric, est-ce qu’il a fini ses escapades ; qu’est-ce que c’est que ces histoires ridicules que vous me racontiez sur son compte? Il est donc poussé par une frénésie de mariage, cet homme-là. Donnez-moi des nouvelles de tout cela. Bien à vous, Rimbaud. Au début de mars, Rimbaud quitte Harar, en Abyssinie : la ville où il travaillait est devenue « inhabitable, à cause des troubles de la guerre » (lettre à sa famille, 24 avril 1884). Après six semaines de « voyages dans les déserts » (même lettre), il arrive à Aden, au Yémen, vers le 20 avril. La maison Bardey, qui l’employait, a connu de graves difficultés financières et a fermé ses deux comptoirs, à Harar et à Aden. Durant quelques mois, il vit de ses économies : si l’on en croit ce qu’il écrit à sa famille le 5 mai, il a mis de côté « douze ou treize mille francs ». L’horizon s’éclaircit dans la seconde quinzaine de mai. Son employeur, Alfred Bardey, est allé chercher des fonds à Marseille et les activités vont reprendre. À la mi-juin, Rimbaud et Bardey signent un nouveau contrat, qui les engage pour six mois, du 1. Juillet au 31 décembre 1884. La chaleur est insupportable à Aden, durant les mois d’été. Les Européens qui n’y sont pas habitués tombent malades. Le rude Ardennais a gardé son tempérament et l’expatrié son sens de l’acclimatation. Pourtant le mal du pays le rejoint. Il attend avec impatience les lettres qui lui viennent de France et le courrier lui paraît désespérément lent entre les continents. Dans la lettre qu’il adresse à sa famille le 10 septembre 1884, il s’enquiert des « récoltes » de fin d’été : comme chaque année, sa mère, Vitalie, et sa sour, Isabelle, ont accompli la transhumance saisonnière, pour venir travailler aux champs, passant de leur résidence de Charleville à leur propriété de Roche, à une quarantaine de kilomètres. C’est là qu’elles sont, en septembre 1884, de là qu’elles informent Rimbaud de leurs occupations. Mais ce qui fait l’importance singulière de la lettre du 10 septembre 1884 et qui fait d’elle un document exceptionnel, c’est le sentiment qu’elle exprime, de fatalisme intégral. Comme s’il avait à tirer les conclusions de tout ce qu’il raconte à sa famille, de tout ce qu’il subit dans les contrées où il est venu dans l’espoir de gagner sa vie, Rimbaud, comme à l’écart des questions pratiques, commerciales, climatiques qu’il développe dans la lettre, dit ce qu’il comprend de la vie, du sens de la vie : « chaque homme est esclave de cette fatalité misérable » à laquelle, là ou ailleurs, il ne peut échapper. Ce sens de la fatalité, et de la « fatalité misérable », formulé ici, loin de l’Europe, l’était déjà dans ce grand texte programmatique, ou prémonitoire, qu’est Une saison en enfer. Et si radicale qu’ait été la rupture et si réel que soit l’éloignement de quelqu’un qui voulait fuir tout sentiment, et tout héritage philosophique, l’idée de l’homme « esclave » de la fatalité lui revient comme l’oil de Caïn, dont il a vérifié la présence, « autant ici qu’ailleurs ». « J’exècre la misère », écrivait Rimbaud, dans l’« Adieu » d’ Une saison en enfer. Il imaginait alors qu’il pouvait s’affranchir de la loi chrétienne, de la malédiction de son baptême. La vie, la misère et la fatalité l’ont rattrapé, au point qu’il n’a plus qu’à citer le credo d’une autre religion, celle « des musulmans » : « C’est écrit ». Il est resté l’homme sans Dieu qu’il était au sortir de l’adolescence, sauf lorsqu’il s’agit d’entendre ce que disent les religions de la misère universelle et du destin tragique de toute créature humaine. Dès lors qu’il n’y a que « la vie », et que celle-ci n’est « pas drôle », autant vivre « ici qu’ailleurs », écrit Rimbaud, avant d’ajouter : « mieux vaut même ici qu’ailleurs ». Mais le pense-t-il vraiment. L’attention qu’il accorde à sa famille, à tout ce qu’il a quitté et dont, suivant un paradoxe existentiel bien connu, l’éloignement le rapproche, suggère un autre sentiment. On connaît cette terrible logique de la nostalgie, que les romantiques ont célébrée et qui n’est qu’une manière de vivre l’insatisfaction : le sapin, dans les neiges, rêve du soleil d’Orient et palmier d’Égypte de frimas septentrionaux. C’est le sens de la vie de Rimbaud, que cette lettre et le propos qu’elle tient, banalisant la misère humaine, laissent transparaître. D’où l’attention qu’il accorde à sa famille, aux activités de sa mère et de sa sour, auxquelles il a pris l’habitude de s’adresser en les appelant, au masculin ; « chers amis », comme si le cercle auquel ses lettres sont destinées devait naturellement s’élargir. Une attention qui se porte sur les travaux des champs, les récoltes, et sur les comportements erratiques de son frère, Frédéric, son aîné d’un peu moins d’un an : Frédéric est né le 3 novembre 1853, Arthur le 20 octobre 1854. À la fin de la lettre – in cauda venenum -, Rimbaud parle sans aménité de son frère, « le fameux Frédéric », comme il l’appelle avec une ironie méprisante : « fameux », au sens où le cadet sait à quoi s’en tenir sur l’aîné, au sens aussi où la réputation de Frédéric l’encombre : « ça me gênerait assez, par exemple, que l’on sache que j’ai un pareil oiseau pour frère », écrira-t-il dans une autre lettre à sa famille, le 7 octobre de la même année. Frédéric cherche à tout prix à se marier. Rimbaud lui-même, lorsqu’il s’imagine un avenir heureux, songe au mariage. Mais Frédéric se ridiculise. Il se démène au point de paraître « possédé par une frénésie de mariage ». Il faut imaginer surtout qu’il exerce cette frénésie dans les bas-fonds de la société ardennaise, ce qui déclenche la fureur maternelle : Vitalie s’opposera de toutes ses forces au mariage de son fils aîné, au point d’en référer à la justice. Rimbaud ne partage peut-être pas de tels préjugés sociaux, du moins dans leur acception provinciale et bourgeoise, mais il a d’autres raisons de mépriser son frère, qu’il considère comme un être inférieur, ontologiquement. Et il prend sa mère et sa sour à témoin de cet atavisme : « c’est un parfait idiot, nous l’avons toujours su, et nous admirions toujours la dureté de sa caboche » (lettre du 7 octobre 1884). Il faut peser le poids de ce « nous » et de ce « toujours », pour imaginer la puissance d’un mépris qui puise ses origines dans l’enfance, comme il faut opposer cette façon de répudier un frère aîné, indigne de remplacer le père absent, à l’image que nous montre la photographie prise à Charleville en 1866, où les deux frères apparaissent en premiers communiants, dans la trompeuse ressemblance de leur jeune âge, ouvrant leurs grands yeux sur l’horizon de la vie, une vie qui allait installer entre eux le gouffre infranchissable de l’incommunicabilité. David Le Guillou a donné toute la mesure de cette incommunicabilité dans un bel essai romancé sur « l’autre Rimbaud », comme il appelle le frère d’Arthur (L’Autre Rimbaud, Paris, L’Iconoclaste, 2020). On comprend qu’Isabelle, en communiquant en 1896 le texte des lettres de Rimbaud à son futur mari, Paterne Berrichon, ait fait l’économie du dernier paragraphe de la lettre du 10 septembre 1884, dont le texte publié fut donc longtemps incomplet. Le désaccord avec Frédéric était sans doute consommé, mais elle répugnait à diffuser de tels secrets de famille, à un moment où, après la mort d’Arthur, Frédéric et sa descendance étaient appelés à porter le nom de Rimbaud. Rimbaud, Ouvres complètes, éd. Famille Rimbaud Puis Paterne Berrichon, Puis collection Louis Barthou, Puis collection baronne Alexandrine de Rothschild, Puis collection Bernard Loliée.
Arthur RIMBAUD / Lettre autographe signée / Fatalité / Misère / Mourir / Aden

Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence

Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence
Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence
Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence

Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence
Lettre autographe signée « P. Proudhon » à Gustave Chaudey Passy [Paris], 11 septembre 1863, 3 p. In-8° sur papier vergé, à l’encre noire Réparations avec comblements et mise au ton sur les deux feuillets (manques à sept mots, voir scans). Plis centraux renforcés au papier Japon, infimes manques angulaires. Dans une longue lettre son avocat et confident, Proudhon évoque pêle-mêle son ami Gustave Courbet, son ouvrage en cours, puis termine sa missive par des réflexions introspectives tout en vitupérant sur son époque. « Je crois que nous sommes en pleine décadence ». « Mon cher ami. Je ne suis point allé en Franche-Comté, malgré la bonne envie que j’en avais ; j’ai travaillé. Le jour même où je comptais partir, j’ai fait mon compte ; et j’ai trouvé que je ne pouvais pas donner au repos plus de huit à dix jours ; que ces huit à dix jours me coûteraient au moins 200 fr. Que ces 200 fr. Je ne pouvais les distraire de mon budget ; qu’en outre, je ne pouvais rien faire à Besançon de ce qui m’y appelle principalement, la personne avec qui je dois m’entendre n’y étant pas ; qu’enfin, à part la visite à faire au docteur Maguet, que j’ai vu en dernier lieu à Paris, le séjour dans mon pays natal serait pour moi une source de désagréments et d’amères réflexions. De tout quoi il est résulté que je ne suis pas parti, et que j’ai continué à porter mon bât comme un pauvre âne que je suis, que j’ai toujours été, et que je serai toujours. Je compte aller vous voir mardi prochain 14, ou mercredi 15, selon l’état de mon travail, que je tien à avancer le plus que je puis. L’affaire Courbet est pour moi très fâcheuse : non que je regrette ce travail, qui m’a beaucoup instruit ; mais parce qu’il s’est étendu plus que je ne m’y attendais, et que j’aurais pu sans aucun inconvénient l’ajourner. Il est certain que ce travail formera un volume de plus de 200 pages [Du principe de l’art et de sa destination sociale, paru à titre posthume en 1865]. Je touche à la fin : mais il ne sera en état d’être imprimé qu’après une révision que je ne ferai qu’après avoir terminé une brochure électorale. J’ai lu l’ouvrage de notre ami Élias, j’ose dire que c’est d’un bout à l’autre un affreux paradoxe polonais. Je viens de lire aussi une histoire de la Pologne, en 2 volumes, par M. Chevé : un autre paradoxe polonais, à la façon du P. Élias s’est laissé surprendre par ses idées fédéralistes et ses préventions anti-moscovites ; Chevé a été entraîné par son zèle catholique. Ainsi les Polonais usent de toutes les idées pour se faire des recrues : ils ont des partisans parmi les démocrates, parmi les royalistes, les fédéralistes, les jacobins unitaires, les catholiques, les socialistes, etc. Et voilà comme on écrit de nos jours l’histoire, non pas l’histoire ancienne, mais l’histoire contemporaine. On voit que la campagne influe sur vous. Votre esprit est frais, votre cour calme ; vous espérez comme au plus beau temps de votre jeunesse. Moi, je n’ai plus de confiance à la génération actuelle ; je travaille sans espérance pour la satisfaction de ma conscience, et pour la dignité de ma cause. Je me sens la tête de plus en plus épuisée ; et je songe toujours à quitter la politique et même le métier d’écrivain, si je trouve à me caser quelque part. Sous ce rapport, mon travail sur l’art pourra me servir en m’engageant dans la carrière purement littéraire, où plusieurs personnes m’assurent que j’y obtiendrai du succès. Cette tristesse ne m’aveugle pas sur mon propre mérite. Je reconnais volontiers que ma triste fortune est un peu de mon fait ; que j’ai gaspillé un joli capital de talent et d’intelligence ; que j’ai eu trop peu de soin de mes intérêts ; que j’ai travaillé avec emportement et précipitation, etc. Mais cela ne fait pas que mes contemporains ne soient meilleurs, et qu’une époque où des fautes comme les miennes sont si atrocement punies, tandis qu’un tas de fripons obtiennent des succès si faciles, soit une époque de progrès. Je crois que nous sommes en pleine décadence, et plus je reconnais que j’ai été dupe de mon excessive générosité, moins il me reste de confiance dans la vitalité de ma nation. Je n’ai ni fois à l’avenir, ni à aucune mission humanitaire du peuple français ; et le plus tôt que nous disparaîtrons de la scène sera le mieux pour la civilisation et le genre humain. Bonsoir, cher ami ; à mardi ou mercredi. « L’affaire Courbet » ici évoquée fait sans doute allusion à l’ouvre du peintre Le Retour de la conférence. Marqué par anticléricalisme et l’opposition qui ont animé le travail de Courbet tout au long de sa carrière. Peint en Saintonge en 1863, le tableau (aujourd’hui disparu) fait scandale au salon de la même année. Animé par les même idées socialistes que son ami Proudhon, Courbet presse alors ce dernier d’en rédiger la défense. Ce qui ne devait à l’origine être qu’une brochure de quelques pages devient bientôt un vaste traité su rôle social de l’artiste : Du principe de l’art et de sa destination sociale. L’ouvrage paraît en 1865, quelques mois seulement après la mort de son auteur. Le texte sera sévèrement étrillé par la plume du jeune critique Émile Zola, encore inconnu du grand public, dans son ouvrage Mes Haines. J-A Langlois, Slatkine (Genève), t.
Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence