Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence

Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence
Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence
Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence

Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence
Lettre autographe signée « P. Proudhon » à Gustave Chaudey Passy [Paris], 11 septembre 1863, 3 p. In-8° sur papier vergé, à l’encre noire Réparations avec comblements et mise au ton sur les deux feuillets (manques à sept mots, voir scans). Plis centraux renforcés au papier Japon, infimes manques angulaires. Dans une longue lettre son avocat et confident, Proudhon évoque pêle-mêle son ami Gustave Courbet, son ouvrage en cours, puis termine sa missive par des réflexions introspectives tout en vitupérant sur son époque. « Je crois que nous sommes en pleine décadence ». « Mon cher ami. Je ne suis point allé en Franche-Comté, malgré la bonne envie que j’en avais ; j’ai travaillé. Le jour même où je comptais partir, j’ai fait mon compte ; et j’ai trouvé que je ne pouvais pas donner au repos plus de huit à dix jours ; que ces huit à dix jours me coûteraient au moins 200 fr. Que ces 200 fr. Je ne pouvais les distraire de mon budget ; qu’en outre, je ne pouvais rien faire à Besançon de ce qui m’y appelle principalement, la personne avec qui je dois m’entendre n’y étant pas ; qu’enfin, à part la visite à faire au docteur Maguet, que j’ai vu en dernier lieu à Paris, le séjour dans mon pays natal serait pour moi une source de désagréments et d’amères réflexions. De tout quoi il est résulté que je ne suis pas parti, et que j’ai continué à porter mon bât comme un pauvre âne que je suis, que j’ai toujours été, et que je serai toujours. Je compte aller vous voir mardi prochain 14, ou mercredi 15, selon l’état de mon travail, que je tien à avancer le plus que je puis. L’affaire Courbet est pour moi très fâcheuse : non que je regrette ce travail, qui m’a beaucoup instruit ; mais parce qu’il s’est étendu plus que je ne m’y attendais, et que j’aurais pu sans aucun inconvénient l’ajourner. Il est certain que ce travail formera un volume de plus de 200 pages [Du principe de l’art et de sa destination sociale, paru à titre posthume en 1865]. Je touche à la fin : mais il ne sera en état d’être imprimé qu’après une révision que je ne ferai qu’après avoir terminé une brochure électorale. J’ai lu l’ouvrage de notre ami Élias, j’ose dire que c’est d’un bout à l’autre un affreux paradoxe polonais. Je viens de lire aussi une histoire de la Pologne, en 2 volumes, par M. Chevé : un autre paradoxe polonais, à la façon du P. Élias s’est laissé surprendre par ses idées fédéralistes et ses préventions anti-moscovites ; Chevé a été entraîné par son zèle catholique. Ainsi les Polonais usent de toutes les idées pour se faire des recrues : ils ont des partisans parmi les démocrates, parmi les royalistes, les fédéralistes, les jacobins unitaires, les catholiques, les socialistes, etc. Et voilà comme on écrit de nos jours l’histoire, non pas l’histoire ancienne, mais l’histoire contemporaine. On voit que la campagne influe sur vous. Votre esprit est frais, votre cour calme ; vous espérez comme au plus beau temps de votre jeunesse. Moi, je n’ai plus de confiance à la génération actuelle ; je travaille sans espérance pour la satisfaction de ma conscience, et pour la dignité de ma cause. Je me sens la tête de plus en plus épuisée ; et je songe toujours à quitter la politique et même le métier d’écrivain, si je trouve à me caser quelque part. Sous ce rapport, mon travail sur l’art pourra me servir en m’engageant dans la carrière purement littéraire, où plusieurs personnes m’assurent que j’y obtiendrai du succès. Cette tristesse ne m’aveugle pas sur mon propre mérite. Je reconnais volontiers que ma triste fortune est un peu de mon fait ; que j’ai gaspillé un joli capital de talent et d’intelligence ; que j’ai eu trop peu de soin de mes intérêts ; que j’ai travaillé avec emportement et précipitation, etc. Mais cela ne fait pas que mes contemporains ne soient meilleurs, et qu’une époque où des fautes comme les miennes sont si atrocement punies, tandis qu’un tas de fripons obtiennent des succès si faciles, soit une époque de progrès. Je crois que nous sommes en pleine décadence, et plus je reconnais que j’ai été dupe de mon excessive générosité, moins il me reste de confiance dans la vitalité de ma nation. Je n’ai ni fois à l’avenir, ni à aucune mission humanitaire du peuple français ; et le plus tôt que nous disparaîtrons de la scène sera le mieux pour la civilisation et le genre humain. Bonsoir, cher ami ; à mardi ou mercredi. « L’affaire Courbet » ici évoquée fait sans doute allusion à l’ouvre du peintre Le Retour de la conférence. Marqué par anticléricalisme et l’opposition qui ont animé le travail de Courbet tout au long de sa carrière. Peint en Saintonge en 1863, le tableau (aujourd’hui disparu) fait scandale au salon de la même année. Animé par les même idées socialistes que son ami Proudhon, Courbet presse alors ce dernier d’en rédiger la défense. Ce qui ne devait à l’origine être qu’une brochure de quelques pages devient bientôt un vaste traité su rôle social de l’artiste : Du principe de l’art et de sa destination sociale. L’ouvrage paraît en 1865, quelques mois seulement après la mort de son auteur. Le texte sera sévèrement étrillé par la plume du jeune critique Émile Zola, encore inconnu du grand public, dans son ouvrage Mes Haines. J-A Langlois, Slatkine (Genève), t.
Pierre-Joseph PROUDHON / Lettre autographe signée / Gustave Courbet / Décadence

Proudhon / Lettre Autographe (1852) / Longue Lettre Sur Ses Théories Économiques

Proudhon / Lettre Autographe (1852) / Longue Lettre Sur Ses Théories Économiques
Proudhon / Lettre Autographe (1852) / Longue Lettre Sur Ses Théories Économiques
Proudhon / Lettre Autographe (1852) / Longue Lettre Sur Ses Théories Économiques
Proudhon / Lettre Autographe (1852) / Longue Lettre Sur Ses Théories Économiques

Proudhon / Lettre Autographe (1852) / Longue Lettre Sur Ses Théories Économiques
Ecrivain et théoricien politique. Lettre autographe signée, Prison de Sainte-Pélagie, 18 mars 1852, au docteur Alphonse Cretin, 4 pages in-8. Très longue lettre dans laquelle Proudhon démontre sa théorie économique sur le protectionnisme et le libre échange. « Et mordez les libres échangistes, les anglophiles, jusquau sang. Ne craignez pas, à cet égard, à réveiller le vieux chauvinisme français, anti-anglais ». Sur vos deux premières questions. Vous pouvez consulter louvrage de Batistat, intitulé. Colben et la Ligue. La collection du Journal des Économistes, dont vous trouverez chez moi une partie ; – celle du. Dont il doit aussi me rester quelques numéros, conservés. Dans votre travail, vous devez établir fortement ce principe, que le principe protectionniste, soit celui de la liberté du commerce international est essentiellement lié à celui de lintérêt des capitaux, et par là, intéresse le travail même. En sorte que, aujourdhui, toute réduction des taux dintérêt, toute amélioration dans le régime hypothécaire, doit avoir pour conséquence une réduction dans le droit de douane, et. Établir subitement en France, le régime de la liberté, ce ne serait peut-être pas anéantir le travail. Mais ce serait à coup sûr le faire passer dans la domination des capitaux étrangers et par conséquent. Voilà, en gros, le principe. Soutenir lun contradictoirement à lautre, cest le comble de limbécilité. Car, encore une fois, si en décrétant le libre échange, vous ne décrétez pas en même temps la déduction de lintérêt, à un taux à celui de tous les pays, le capital étranger, plus abondant, par conséquent plus bas prix, supplantera le titre et vous ne serez plus, français, que des salariés de lAngleterre. Telle est la tactique que suit lAngleterre depuis déjà deux siècles. Comme on le lui a dit, elle a pratiqué le régime protecteur, tant quelle na pas été la plus forte : depuis ce régime a été pour elle un brevet périmé ; son intérêt, par suite de labondance même de ses capitaux, fruit de la protection chez elle, et de la liberté chez les autres, est devenu linverse de ce quil était au commencement. La loi sur les céréales a été une conséquence de cette situation, elle a passé, le jour où lintérêt propriétaire a été trouvé inférieur à lintérêt industriel : si la protection agricole vaut à lAngleterre 100 ; et que la liberté mercantile produise 150, ou 300, il est clair, quau point de vue social, le sacrifice du produit net territorial au produit net industriel donnant un avantage aussi énorme, la révolution aura lieu. Or lAngleterre, pays de liberté parlementaire, bien que cette liberté soit entravée par mille corruptions, ne pouvait manquer darriver à ce résultat, maintenant irrévocable. Voilà tout le mystère de la fameuse ligne Cobden et de lévolution anglaise. Il y a deux époques dans lhistoire du commerce anglais. 1/-Dabord le régime protectionniste sévère ; en même temps actes de navigation et traité de compagnie avec le Portugal, lEspagne, la France, etc, dont leffet est de garantir à lAngleterre la majeure partie du marché ; de faire pencher en sa faveur, chaque année, la balance, cest à dire de lui donner un solde considérable en numéraire ; par conséquent daugmenter son. 2/-Arrivée à ce point, lAngleterre na plus rien à craindre de la concurrence étrangère. Partout linfériorité de capital ne lui laisse aucun concurrent sérieux. La cuirasse protectionniste ne lui sert que dembarras contre un adversaire qui na plus de cartouches. Bien mieux, une partie de ses capitaux étant engagée dans les opérations industrielles des autres pays, elle se murait à elle-même en nélargissant pas la grande route qui lui assure la domination du monde. Le moment est donc venu pour elle, de se faire, de tous les peuples, des armées de mercenaires, dont le travail ne bénéficie plus quà ses capitalistes ; et par suite, de faire jouir lAngleterre de ce quil y a de meilleur dans la production naturelle de chaque pays. Cest ainsi que tandis quen France une grande partie du peuple ne mange pas de pain de blé, nuse point de viande, ne boit pas de vin, une partie des céréales, de la viande, des oeufs, des fruits, légumes, du vin, de lhuile, défile vers lAngleterre. Et comme nous ne sommes pas plus forts sur la protection que sur la liberté, attendu que nous ne sommes en tout que des badauds et des ganaches, la douane na garde de mettre un droit sur les substances à lexportation ; elle sapplaudit au contraire, de ce commerce qui ajoute à la force de lAngleterre. Concluez en exhortant L. Bonaparte à mettre la dernière main à son oeuvre, par une forte réduction du taux légal de lintérêt, accompagnée dune prorogation des échanges hypothécaires ; de manière que les capitaux anglais subissant la loi commune. Et mordez les libres échangistes, les anglophiles, jusquau sang. Ne craignez pas, à cet égard, à réveiller le vieux chauvinisme français, anti-anglais, et de piquer lhonneur du Président de la République. Quil nous délivre de langlomanie et des dynasties, ce sera toujours autant. Proudhon avait été emprisonné à Sainte-Pélagie le 5 juin 1849 pour « offense au président de la République » suite à linsurrection de juin 1848 à laquelle il a participé et à ses articles dans les journaux. Il sortira de prison en juin 1852. Alphonse Cretin était le médecin attitré de Proudon jusquà la mort de ce dernier en 1865. Cette lettre est publiée dans la Correspondance de Proudhon Librairie Lacroix, Paris, 1875, Tome IV, p. 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Proudhon / Lettre Autographe (1852) / Longue Lettre Sur Ses Théories Économiques