Manuscrit autographe signé en espagnol, « Prologo Poesia Evaristo Carriego », (Buenos-Aires), (Novembre 1950), 1 page in-folio, ratures et corrections. Très beau texte écrit par Borges pour une édition complète de luvre dEvaristo Carriego. « Il mest arrivé de me demander si toute vie humaine, aussi complexe et remplie quelle soit, ne dépend pas en réalité dun seul instant : linstant où lhomme prend conscience une fois pour toutes de ce quil est ». Voici la traduction présentée dans les. De Borges La Pléïade, tome I, p. Notre manuscrit présente quelques variantes. Nous ne voyons plus aujourdhui Carriego quen fonction du faubourg et nous avons tous tendance à oublier quil est lui-même (comme le marlou, la cousette ou le gringo) un personnage de Carriego, tout comme le faubourg où nous limaginons est une projection presque fictive de son uvre. Wilde soutenait que le Japon les images que ce mot suscite avait été inventé par Hokusaï ; dans le cas dEvaristo Carriego, nous devons postuler une action réciproque : le faubourg a créé Carriego qui la recrée à son tour. Le faubourg réel et celui de Trejo et des milongas mêlent en lui leurs influences ; Carriego nous impose sa vision du faubourg et cette vision modifie la réalité. Le tango et le théâtre la modifieront ensuite bien davantage. Un beau jour de lannée 1904, dans une maison qui existe encore rue Honduras, Evaristo Carriego lisait avec chagrin et avidité un livre des aventures héroïques de Charles de batz, seigneur dArtagnan. Avec avidité, car Dumas lui apportait ce quà dautres apportent Shakespeare, Balzac ou Wat Whitman, la saveur de la vie dans toute sa plénitude ; avec chagrin, car il était jeune, orgueilleux, timide et pauvre , et quil se croyait exilé de la vie. La vraie vie était en France, pensait-il, dans le cliquetis des armes, ou quand les troupes de lEmpereur envahissaient le monde ; mais il lui était échu de vivre au XX. Siècle, dans ce tardif XX. Siècle et en un triste faubourg dAmérique du Sud. Carriego en était là de ses pensées quand quelque chose se produisit. Un grattement laborieux de guitare, la vue par la fenêtre dune rangée de maisons basses. Juan Muraña soulevant son chapeau pour répondre à un salut la lune dans le patio carré, le vieil homme portant un coq de combat, quelque chose, nimporte quoi. Quelque chose que nous ne pourrons pas récupérer, quelque chose dont nous connaissons le sens mais non la Forme, quelque chose de quotidien, de banal, dinaperçu, jusque-là, qui révéla à Carriego que lunivers (qui chaque instant et non pas seulement dans les uvres dAlexandre Dumas) était là auss, dans le simple moment présent, dans Palermo en 1904. Il mest arrivé de me demander si toute vie humaine, aussi complexe et remplie quelle soit, ne dépend pas en réalité dun seul instant : linstant où lhomme prend conscience une fois pour toutes de ce quil est. A partir de cette révélation incontrôlable que jai essayé de deviner, Carriego est devenu Carriego. Il est déjà lauteur de ces vers que des années plus tard il lui sera permis dinventer. « Zèbrent son visage, violents stigmates. De profondes cicatrices et peut-être est-il fier. De porter, ineffaçables ces sanglants ornements. La dague aura eu des caprices de femme. Jorge-Luis Borges lui consacre une biographie en 1930 (Gleizer Editor, Buenos Aires). Borges écrit ce texte pour une édition de luvre dEvaristo Carriego (paru en 1950). L’item « MANUSCRIT AUTOGRAPHE DE JORGE-LUIS BORGES (AU SUJET D’EVARISTO CARRIEGO) » est en vente depuis le jeudi 12 mai 2016. Il est dans la catégorie « Livres, BD, revues\Livres anciens, de collection ». Le vendeur est « autographes-historiques » et est localisé à/en Paris, Ile-de-France. Cet article peut être livré partout dans le monde.