À propos de la librairie. Le Crime et les beaux-arts. [Abécédaire du crime et des Beaux-Arts]. En quatre feuillets recto et une double-page recto verso, 100 ff. À illets dans un répertoire de cuir noir avec anneaux, 1 signet de note à l’encre. Tous nos vices les dieux et les grands les ont asssumés avant nous. Les peintres pour illustrer et magnifier le crime nont quà puiser dans cette mémoire collective. Voila comment résumer, d’après une note manuscrite laissée dans ces brouillons, le projet de chantier jamais terminé, et pourtant bien entamé, qu’avait Jacques Vergès : à mi chemin entre un abécédaire et un dictionnaire, il prévoyait de décliner toute une série de termes, empruntés au Code pénal, faisant mention des comportements criminels ou déviants, aussi bien de lindividu que de la société. Ils peuvent être jugés comme actuels prise dotages, racisme – ou intemporels inceste, pédophilie. Pour ces questions déthique et ces faits de société, aucune définition nest proposée et le projet de Vergès est d’illustrer son propos non pas de définitions ou d’exemples – comme il fera quelques années plus tard dans son Dictionnaire amoureux de la Justice – mais par les beaux-arts et plus spécifiquement la peinture : à chaque terme, son tableau. Le célèbre avocat avait-il pour objectif de faire état de la violence de lhomme, comme Flaubert de la bêtise dans son Dictionnaire des idées reçues , qui pourfend les prétentions du bourgeois? Toujours est-il que, au vu des brouillons laissés, le projet s’éclaire : jeter des passerelles entre littérature et peinture – Vergès développera plus tard des similitudes entre la littérature et justice dans Sérial Plaideur. Il y a tout d’abord une grande double page, formant tableau à trois entrées : le peintre, son tableau, et la ou les notion qui pourraient y être associées. Toutes les grandes figures de la peinture sont évoquées, du Titien à Picasso, en passant par Rubens, Balthus, Deveria, Courbet, Segonzac ou Goya, et jusqu’à Pascin ou Laurens. Une soixantaine de peintres et graveurs, pour autant de toiles et dessins. À chacun est associé un terme du projet (d’assassinat à zoophilie), à plusieurs choix ou entrées possibles. Ainsi, pour la Prostitution , sont répertoriés Carpaccio, Pascin, Toulouse-Lautrec et Picasso, où Les Demoiselles dAvignon semblent lemporter ; la notion denlèvement donne lieu à deux entrées : LEnlèvement dEurope de Valloton ; et LEnlèvement des filles de Leucithe de Rubens. LEnlèvement de Ganymède est quant à lui prévu pour illustrer la Pédophilie. Inversement, des tableaux sont parfois non attribués, comme Femmes au bordel de Pascin où sont mentionnés Tristesse , Obscénité et Plaisir esthétique. Quelquefois encore, le point de vue est précisé : face aux Suzanne et les vieillards du Tintoret, il a ajouté cette remarque : » on est à la place des vieillards « . De même, Les ivrognes dEnsor et Les buveurs de Vermeer sont qualifiés : » proches de nous « . Deux autres feuillets, sous la forme d’un nouveau tableau à trois entrées (Code pénal / peinture / commentaire) donne quant à lui un titre au projet : Le Crime et les beaux-arts , sans doute en souvenir de Thomas de Quincey : De lAssassinat considéré comme un des beaux-arts. Dans Serial Plaideur , Vergès fera plusieurs allusion à cet ouvrage, mais en démentant lassociation du crime à une oeuvre dart. Daprès lui, le crime en lui-même ne livre rien : Le crime ne sort de son mutisme quà linstant où un artiste parvient à lui donner un sens. Enfin, deux autre feuillets sont organisés avec les entrées seules des termes, auxquels il associe ensuite un peintre et une peinture. Certains noms de peintres (Rubens, Delacroix, Rembrandt) sont surlignés en rouge : soit une velléité de classement alphabétique, soit un premier choix de peintres ou d’uvres inconturnables. Vergès privilégie les scènes violentes – assassinat de Thomas Becket, l’enlèvement des Sabines, des scènes de la Saint Barthélémy-, mais aussi des personnages marqués par la démesure – Pasiphaé, Médée furieuse -, souvent avec de doubles possibilités : ainsi, pour Luxure , lavocat songe à Lucrèce Borgia , mais aussi à La Tentation de Saint Antoine. En croisant les trois types de classification, il est possible de prendre conscience de lévolution du propos et des choix. Ainsi, pour lentrée » meurtre « , le document format cahier propose La mort de Camille ou la Clytemnestre de Guérin, tandis que le dossier de 4 pages leur substitue Caïn tuant Abel. De même, lorsqu’il hésite entre Pasiphaé et Léda et le cygne pour illustrer la zoophilie, Vergès retient dans l’autre version le tableau de Giulio Romano consacré à la mère de Phèdre. Difficile de dire, au vu des variantes, quel manuscrit est antérieur à un autre. Néanmoins, un dernier document est assurément le plus synthétique, sans être pourt autant le plus abouti : il s’agit d’une maquette originale, composée de 100 feuillets chiffrés au stylo ou à la mine de plomb par Vergès, qui reprend les éléments qu’il aura sans doute jugé définitif de ses brouillons. Afin de rendre encore plus vivant ses choix, il aura pour certain été jusqu’à contrecoller la reproduction du tableau choisi. Les mots et expressions sont ici choisis et classés par ordre alphabétique, dans une espace plus large que précédemment. Certains termes abordent des questions relevant de la famille abandon denfant, inceste, infanticide – dautres mentionnent des faits de société – courses de taureaux, non-assistance, diffamation, voyeurisme – , ce qui est lié à la débauche et aux drogues proxénétisme, alcoolisme, jeux, stupéfiants, prostitution – ; dautres enfin traitent du monstrueux anthropophagie, génocide, torture, crimes contre lhumanité… Les tableaux collés par Vergès sont au nombre de trois : Valloton, LEnlèvement de Ganymède [pour l’entrée Enlèvement] ; Pascin, Femmes au bordel [pour Prostitution] et Scott King avec Mona Meinhof [pour Terrorisme]. Photos et descriptions complémentaires sur demande. Informations supplémentaires sur demande. Virements et chèques bancaires (France) sont également acceptés, ainsi que les CB à distance. Les prix sont forfaitaires et ajustés, l’emballage (soigné) est offert. Retrait possible à la librairie (Orléans), et sur rendez-vous à Paris. 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