Rare lot de 23 lettres (70 pages), écrites, du 3 janvier au 27 décembre 1944, à une jeune femme des Lilas (rue du Garde-Chasse à deux pas du fort de Romainville) partie en convalescence retrouver sa famille à St-Privat rejointe, après la défaite par son jeune soldat de mari qui était juif et venu se mettre à l’abris (en zone libre). Cette jeune femme fréquentait le milieu artistique et participait à un groupe de chanteurs, aussi, ces lettres sont écrites par ses amis et collègues et surtout par sa cousine qui habitait Pantin, à côté, notamment une lettre du parolier Pierre Calmon, fondateur d’une maison d’éditions « Les ouvres musicales Françaises ». Ce sont plutôt des intellectuels (des fans de spectacles et de cinéma). Elles décrivent fort bien la vie des parisiens, leurs préoccupations et état d’esprit. «. Encore une année de guerre d’écoulée sans nous apporter beaucoup plus d’éclaircissement. Je formule tous mes voux pour que cette année nouvelle nous donne la Paix que tous attendent et la fin de nos cauchemars. ». Leur vie de famille, les frères, fils, maris partis en Allemagne ou sur le point de partir, leurs craintes. «. Pierrot est passé aux Travailleurs Libres, et est content de sa liberté, relative, il travaille toujours dans sa ferme où il a de bons patrons, pauvre Pierrot. »«. Son père depuis cette affreuse guerre à bien maigri, il est méconnaissable et l’idée de savoir son fils prisonnier, il lui arrive de rester pensif devant sa photo et change d’attitude lorsqu’il s’aperçoit que sa femme le regarde. ». «. Depuis vendredi, il y a eu un terrible bombardement, nous gouttons tous les jours les joies de l’alerte ; il est temps que cela finisse, les gens sont absolument révoltés de la méthode de bombardement employée. Ces messieurs ne prennent pas la peine de viser et les personnes des quartiers intéressés tremblent de plus en plus. Enfin espérons que nous passerons au travers et que la fin est proche. »«. Ici, les alertes se succèdent, le jour et même la nuit maintenant. Il en est tombé Bld Davout, tout de suite après les casernes, dans la nuit cela a fait un grand coup que tout le monde a entendu. Ce n’est pas du tout rassurant. »«. Nous n’osons plus aller au cinéma à cause des rafles, si bien que nos sorties se limitent à une petite promenade dans l’un ou l’autre jardin de de Paris. »«. En ce moment je vais tous les soirs à Paris, Jacques ne veut pas que je reste ici car il craint que Noisy soit bombardé et comme l’embranchement commence à Pantin, il trouve qu’il est plus prudent de dormir à Paris. »«. Hier soir, au moment de diner, 2 heures d’alerte avec bombes, nous sommes restés ¾ d’heure dans le métro et cette nuit nous sommes redescendus encore presqu’une heure. C’est plus rare la nuit, mais par contre nous en avons 2 ou 3 le jour, si ce n’est pas 5 comme le dimanche de la pentecôte ou mardi. Les rationnements, les queues pour le ravitaillement, le marché noir. «. Le ravitaillement se fait de plus en plus maigre: 120gr. De viande pour 3 semaines, aucune distribution de patates, de temps à autre des pâtes et c’est tout, même au marché Noir, on trouve difficilement et naturellement à des prix exorbitants. ». Les prix, le manque de travail, les échanges par colis postaux, des produits parisiens (Rimmel, tissus.) contre des victuailles (oufs, charcuterie, pommes de terre.). «. Comment envoyer ce que j’ai déjà acheté, Je ne connais personne allant en zone libre? La mode, le Système D pour pouvoir continuer à s’habiller le mieux et de rester coquette, malgré tout. «. En ce moment j’ai un échafaudage sur la tête, depuis une semaine, j’ai une collègue qui s’amuse sur ma tête et il en résulte une jolie coiffure mode, mais voilà, pour le dimanche, je suis seule pour réussir cette pièce montée et c’est beaucoup moins bien. Même les vacances avec les petits soucis dérisoires des parisiens compte tenu du contexte des combats en zone libre, ou encore, les nombreux films qui passent à l’affiche avec pour chacun une critique des acteurs, les spectacles de music-Hall, les « Sauteries » Heureusement la vie continue et l’espoir d’une libération demeure. «. Nous gardons le jambonneau en cas de débarquement éventuel, qui sait, il y en aura peut-être un depuis le temps qu’on le prédit. La libération enfin arrivée et l’occupation finie, les difficultés d’approvisionnements et les tickets de rationnement sont, hélas, encore présents. Nous sommes gelées, toujours pas de feu et guère d’espoir que cela change, il a fait si froid. Le ravitaillement fait quelques efforts pour les fêtes, mais pour tous, c’est plus morne que les années précédentes, peut-être la déception de voir cette maudite guerre se poursuivre en 1945 avec de nouveaux rebondissements qui, nous espérons, seront les derniers! … La correspondance se termine avec l’année et l’espoir pour tous la fin de cette guerre et le retour à Paris de ceux qui avaient fui en zone libre. Enfin, pour conclure, toutes ces lettres sont remplies d’anecdotes et d’informations très précises (jusqu’aux prix des denrées) sur le quotidien des parisiens pendant cette douloureuse période! Regardez attentivement les photos avant d’enchérir, elles valent mieux que toutes descriptions. Cet item est dans la catégorie « Collections\Lettres, vieux papiers\Lettres ». Le vendeur est « mississispirit06″ et est localisé dans ce pays: FR.
- Pays, Organisation: France
- Région: Ile-de-France
- Type: Lettre, Correspondance
- Epoque: 1944
- Pays de fabrication: France
- Thème: Histoire, Politique guerre
- Nombre de pages: Plus de 10
