Lettre autographe signée, (Maroc), 15 janvier 1918, à un « cher ami », 10 pages in-8, en-tête « Le Général Lyautey, Résident Général au Maroc ». Très intéressante et longue lettre de Lyautey sur la situation marocaine et ses relations avec le gouvernement. « Je me maintiens fermement dans la ligne que je me suis imposée dès le début et qui seule convient à ma charge, à mon passé et à ma dignité! Jobéis, je prends sans délai des mesures dexécution, je ne proteste pas, je marque le coup en disant sincèrement ce qui est, afin que chacun prenne ses responsabilités. Je nen sortirai pas, quoiquil arrive ». « Mon cher ami. Voici le premier courrier qui emporte à Paris des lettres de moi, sauf celle à Berthelot quil vous a montrée comme je le désirais. Ces quen effet la secousse consécutive à mon stupide accident sest prolongée et je reprends seulement ma correspondance en même temps que ma vie normale. Cest pourquoi je navais pas répondu plus tôt à votre lettre du 20 novembre. Vous me reprochez de vous tenir éloigné du Maroc, mais sacrebleu! Jamais il na eu plus besoin que vous le serviez à Paris et dans les secousses quil subit, il serait fichu si vous nétiez pas là avec la connaissance si complète et si sûre que vous avez de nos affaires et de notre situation. Laffaire Doui-Menia (nom dune tribu nomade) comme vous le savez, na fait que saccentuer, Lutaud (Charles Lutaud, gouverneur général de lAlgérie entre 1911 et 1918) exagère la mauvaise foi et le parti-pris. Cest renversant de le voir toujours en revenir à la thèse du statut qui comme si, depuis 1903, il ny avait pas eu ni Protectorat, ni installation du contrôle français sur le Ht Guir et Tafilatet. Rien nest paradoxal comme cette thèse de nos empiètements sur lAlgérie, alors que nous ne demandons quà rester chez nous au Maroc et à y faire notre police nous-même. Je viens seulement davoir sous les yeux certain article dune revue dite « Colonies et Marine » qui est évidemment de source officieuse algérienne comme le prouve sa documentation très complète et qui pourrait être signée Lutaud Combien je souhaite que Jonnart (Charles Jonnart, gouverneur de lAlgérie entre 1900 et 1901) se rétablisse assez vite pour aller reprendre les rênes à Alger. Nous ne serons enfin tranquilles quà ce prix. Et, enfin, jen arrive à votre lettre du 29 décembre écrite à la suite de la mienne à Berthelot et des assauts livrés au Maroc par le Président du Conseil. Depuis, cela sest encore développé sous la forme de demandes simultanées dintensification de main doeuvre et de recrutement militaire, choses pourtant inconciliables, et de compressions dofficiers à outrance. Vous connaissez mes réponses. Je me maintiens fermement dans la ligne que je me suis imposée dès le début et qui seule convient à ma charge, à mon passé et à ma dignité! Je nen sortirai pas, quoiquil arrive. Hamelin ma écrit avec beaucoup de précision le détail de ses entrevues et je ne saurais assez me féliciter davoir là quelquun daussi sûr, daussi ferme, daussi bien informé et daussi dévoué. Jétais, dès avant que vous me le disiez, parfaitement résolu à ne pas revenir sur la question Merknès-Azrou. Vous me dites quon ne me demandera plus rien. De cela, je ne suis pas aussi convaincu, me méfiant beaucoup, sinon du Président même (Georges Clemenceau, Président du conseil de novembre 1917 à janvier 1920) du moins de beaucoup qui sont derrière lui et ont son oreille. Quant à la thèse que vous me dites être celle du Président que « tout ce que nous aurons perdu ailleurs sera facilement repris après la victoire, je la regarde comme des plus discutables, en ce qui concerne le Maroc. Déjà en 1915, un homme détat très avisé, me parlant des ordres dévacuation que javais reçus, me disait, en me félicitant de ne pas my être conformé, quon avait perdu de vue quil nous faudrait une nouvelle guerre pour reprendre le Maroc si nous lavions abandonnée. Il ny a pas en effet que lAllemagne en cause. Sans compter lEspagne, lAngleterre même ne nous laisserait peut-être pas si facilement regarder comme acquis, sans compensations, un tel gage que nous aurions lâché. Le Maréchal Lyautey avait été une première fois nommé Résident général au Maroc en avril 1912. Il y était resté en poste jusquen décembre 1916, date à laquelle il est nommé ministre de la Guerre. Il revient en poste en mai 1917. Malgré le travail considérable accompli, le second séjour de Lyautey contraste singulièrement avec le premier : on passe d’un parcours presque triomphal à ce qui est à certains égards un chemin de croix. Il devra affronter deux types de difficultés : personnelles avec une santé de plus en plus chancelante, et politiques avec l’opposition grandissante des colons, l’administration qui lui échappe et le gouvernement qui va lui être de plus en plus hostile. Ce sont ces difficultés qui l’amèneront à présenter trois fois sa démission, fin 1923 après le départ ou la disparition de plusieurs de ses fidèles, en octobre 1924 après le départ d. Qui le soutenait, et en 1925 après la nomination de Pétain pour diriger les opérations militaires. L’item « MARECHAL LYAUTEY / LONGUE LETTRE AUTOGRAPHE / SITUATION MAROCAINE / CLEMENCEAU » est en vente depuis le dimanche 19 novembre 2017. Il est dans la catégorie « Collections\Militaria\Documents, revues, livres\1ère guerre mondiale 14-18″. Le vendeur est « autographes-historiques » et est localisé à/en Paris, Ile-de-France. Cet article peut être livré partout dans le monde.